Une Propreté pas très clean

Publié le par Fabrice Sailly

Alors que la communauté urbaine de Lille fait des pronostics assez pessimistes sur le niveau des nappes phréatiques, on peut se poser quelques questions quant à la gestion de l'eau par la mairie de Lille.

Reflet d'une gestion environnementale de la ville qui laisse à désirer.

Des camions verts pour une ville plus propre

Tout le monde a déjà vu ces petits camions verts qui sillonnent Lille arborant fièrement leur emblème "Propreté de Lille".

Quelles sont leurs fonctions ? Il y en a trois principales : les petits jets qui mouillent la chaussée, les ballets-brosse qui tournent et aspirent les déchets et poussières ainsi rassemblés et les grands jets d'eau permettant de passer au-dessus des voitures stationnées afin de nettoyer les trottoirs à grande eau.

Les rues de Lille sont ainsi nettoyées plusieurs fois par semaine, voire tous les jours. Parfois même, plusieurs passages s'imposent afin de nettoyer l'intégralité de la chaussée puisque ces petits camions ne peuvent nettoyer plus que leur largeur à la fois.

On pourrait admirer cette intention d'une ville bien entretenue et au premier abord,  féliciter une commune travaillant à la propreté de ses rues et trottoirs, mais à y regarder d'un peu plus près, ne peut-on pas s'interroger sur le bien fondé de ce nettoyage et de sa prestigieuse mise en oeuvre ?

Des camions verts pas si verts que ça

Premier inconvénient de ces petits véhicules, ils roulent lentement en occupant une voie de circulation, ce qui amène directement au deuxième inconvénient plus ennuyeux, on les met en activité préférentiellement très tôt lorsque les rues sont désertes... et que tout le monde dort. Or, ces machines sont très bruyantes, ce qui, couplé à leur lenteur, leur laisse bien le temps de réveiller toute la rue en cours de nettoyage dès 5h du matin. Elles gênent donc à la fois la circulation, le repos et le calme de la ville.

Venons en maintenant à leur consommation. Ne fonctionnant ni au gaz, ni à l'électricité, ces camions consomment du carburant et ajoutent leurs gaz d'échappement à ceux des autres véhicules. Mais surtout, ils consomment de grandes quantités d'eau. Certains se ravitaillent en eau industrielle mais la majorité se ravitaille en eau potable (les accès à l’eau industrielle ne sont pas nombreux en ville). Oui, la ville de Lille est fière d'arroser tous les matins les abords de la gare Lille Flandres avec de l'eau potable alors que les réserves sont au plus bas. Que pourrait penser, en voyant cela, un des milliards d'hommes n'ayant pas accès à l'eau potable ?

Pourquoi faire vert quand on peut faire cher ?

Voyons maintenant l'intérêt de ce genre de nettoyage et ses conséquences.

Il est d'abord important de dire que plus une ville est nettoyée, plus ses habitants sont négligents. Sachant que cela sera nettoyé, on n'a plus le moindre scrupule à jeter par terre paquets de cigarettes, mouchoirs, cannettes et emballages divers. On pourrait presque même se satisfaire de faire un geste pour que quelqu'un ait du travail. Le pire étant que ce genre d'habitude sera reproduit sur les autoroutes, dans les campagnes, sur les plages, les montagnes et tous les lieux naturels qui n'ont pas de nettoyeurs à leur disposition et nécessiteront plusieurs dizaines voire centaines d'années pour s'en débarrasser. Ainsi, peut-être qu'un travail de sensibilisation, d'éducation et de responsabilisation permettrait déjà de réduire les déchets dans les rues (à titre d'exemple, de nombreuses villes européennes infligent de lourdes amendes pour ce genre d'incivilités et nécessitent bien moins d'entretien).

Penchons-nous maintenant sur le type de déchets à nettoyer et les moyens mis en oeuvre. Outre les emballages divers évoqués précédemment, le plus grand fléau reste les déjections canines. Alors que l'homme n'oserait plus faire ses besoins en pleine rue (ce qui était coutumier autrefois), il a confié cette tâche à ses animaux domestiques. Etant difficile et peu hygiénique de mettre en place des lieux réservés à cette activité, on considère comme bonne solution de consacrer les caniveaux à cet effet. Soit (encore une fois, une responsabilisation du propriétaire avec moyens mis à disposition et dissuasion financière à la clé serait sans doute préférable). Il faut malgré tout les ramasser, d'où l'idée des petits camions jets/brosse passant contre les caniveaux au petit matin.

Ainsi, des moyens de haute technicité, certes, mais combinant nuisance, coûts élevés et gaspillage, sont mis en oeuvre pour ramasser les déchets et déjections issues d'incivilités.

Par ailleurs, s'il est d'usage de prôner le progrès technique face au travail manuel, il est pourtant presque évident qu'une pince, un balai passé au bon endroit et éventuellement un aspirateur à déjection, seraient plus économes et efficaces que les camions à brosse tournante qui étalent plus qu’ils ne ramassent.

Economies de matériel, d'entretien, d'eau, de pollution et de bruit seraient ainsi aisément réalisables.

Fabrice SAILLY

Publié dans proprete-lille

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